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ANSELME

Anselme, drôle de nom. D'où qu'il peut bien venir celui-là ? Sûrement à cause de sa main droite toujours dans la poche, le bras en anse pour l'attraper comme une tasse de thé, ou plutôt de café pour Anselme. Le thé, c'était sa femme. En ingurgitant sa pitance elle se boit un thé, puis deux. D'ailleurs depuis sa tendre enfance elle me doit un jouet, sa femme. Un petit cheval en peluche. C'est pour ça qu'elle l'a choisi Anselme. Pour grimper dessus. ''Tous Anselme !'' qu'elle lui disait. Et lui, montait en selle sur la peluche ancienne. Après la période des peluches, c'était l'adolescence à la plage. ''Ensevelis-moi dans le sable Anselme'' qu'elle disait.

Ensevelis-moi !

Anselme-moi !

Anselme, vis-moi !

Vis-moi, Anselme !

Il était toute sa vie. Anselme, mi-voix, disait ''Oui'' ! Anselme, mi-voix, l’ensevelissait. Ça n'a pas duré longtemps. Allergique au sel, qu'il était le pauvre Anselme. Même dans sa bouche le sel faisait mouche. Quelle ironie, lui qui rêvait d'être cuisinier, pour flatter le palet des jouvencelles.

Pas grave, danseur qu'il fera. Danse Anselme, danse ! Tous en scène Anselme. Quelle prestance en scène. Le roi de la danse dans les journaux, Une audience en démence. Danse, Anselme, danse ! Tous en scène. Il tousse sur scène. Une toux, deux toux. La toux l'assène sans cesse. Il tire sa révérence. Rideaux Anselme.

Mathieu Grosche Designer Explorer

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